Histoire de la Société jurassienne des officiers
Le 1er janvier 1979, la République et canton du Jura entre en souveraineté. Les contradictions entre un patriotisme cantonal et les sentiments face au reste de la Suisse, exacerbées par le Rassemblement jurassien, tendent à disparaître.
Création de la Société jurassienne des officiers
Dès avril 1976, la Société des officiers d’Ajoie et celle de Delémont, qui font toujours partie de la Société cantonale bernoise, réfléchissent à de nouvelles structures : il faut réunir les sociétés militaires du futur Canton dans une organisation faîtière. Le 3 janvier 1979, l’Union des sociétés militaires annonce sa constitution aux autorités. Elle coiffe les deux sociétés d’officiers, la Société des sous-officiers d’Ajoie et l’Association des fourriers. Tout en respectant leur indépendance, l’Union veut assurer la défense des intérêts militaires pendant la mise en place du nouveau Canton et fournir une information objective lors des débats relatifs aux problèmes de défense. En fait, elle envoie son acte de naissance, mais elle n’aura aucune autre activité ! L’indépendance des sociétés-membres, l’inexistence d’une politique militaire au niveau cantonal, la nomination sans incident d’une poignée de fonctionnaires expliquent cette mort par inanition. Cet échec retarde le moment où l’on pense à une Société jurassienne des officiers. A la fin du mois de septembre 1983, année qui marque le 150e anniversaire de la Société suisse des officiers, les officiers d’Ajoie et de Delémont en acceptent les statuts. Au printemps 1984, assemblée constitutive sous la présidence du lieutenant-colonel EMG Jacques Valley. Une Société d’officiers se crée aux Franches-Montagnes. Une des sections de district assure le Vorort.
Ses activités sont perturbées
De 1984 jusqu’au début des années 1990, les officiers jurassiens vivent une période difficile. Leurs réunions sont souvent perturbées par des manifestations du groupe séparatiste Bélier. Le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz, venu parler à une Assemblée générale à Delémont, en sait quelque chose ! Comme le conseiller fédéral Kaspar Villiger, à Porrentruy, qui reçoit des tomates, certaines lancées par le chef du Service juridique de l’administration cantonale… Le brigadier Jacques Saucy, commandant de la brigade frontière 3, a le courage de condamner publiquement ces menées antidémocratiques, dans une prise de position restée fameuse, intitulée « C’en est trop, ça suffit ». Les officiers jurassiens se serrent les coudes et ils participent nombreux aux activités : près de la moitié des deux cents membres, les jeunes et les moins jeunes, se retrouvent aux assemblées générales. Le fait de se mesurer avec l’obstacle leur fait apprécier le véritable sens de la solidarité confédérale, du fédéralisme et les avantages de se trouver sur un pied d’égalité avec leurs camarades des autres Cantons. La situation se normalise, et l’assiduité des officiers jurassiens baisse !
Publications et colloques
Depuis les années 1990, la Société jurassienne des officiers fait un effort principal sur l’organisation de colloques et la publication d’ouvrages d’histoire militaire. Elle édite depuis 1985 un Bulletin annuel qui connaît un beau succès : plus de mille huit cents exemplaires destinés aux membres, à des entreprises et à des personnalités dans et à l’extérieur du Canton. Grâce au soutien publicitaire d’entreprises jurassiennes, le Bulletin ne grève pratiquement pas la caisse de la SJO.
L’avenir ?
Avec les réformes « 95 » et « XXI », la diminution des effectifs de l’Armée des trois quarts, la libération des obligations militaires aux environs de trente ans, la Société jurassienne des officiers se retrouve avec quelque 160 membres (250 au début des années 1990), dont la moyenne d’âge est élevée. L’avenir ne s’annonce pas rose, puisque la République et Canton du Jura ne produit pas plus de 3-4 officiers par année. On semble s’acheminer vers une époque de fusion. Avec les officiers du Jura bernois et/ou de Neuchâtel ? Quoi qu’il en soit, la Société jurassienne des officiers a fêté son centenaire le samedi 23 mars 2013 à Porrentruy, les sociétés d’Ajoie, de Delémont et environs ayant été créées en 1913.
Bataillon de fusiliers 110 : une photo « trafiquée »
Dans l’Histoire des troupes jurassiennes parue en 1977, on découvre à la page 261 une photo représentant la patrouille de la compagnie lourde de fusiliers IV/110 qui a remporté en 1968 le championnat de la division de frontière 2 en catégorie « Elite ». De gauche à droite, le plt Georges Schaller, le cpl Francis Steulet, l’app Ewald Isler et le mitr Alphonse Baume. Au milieu, une très mince ligne blanche…
La photo a été retouchée, car le major Alphonse Widmer, commandant du bataillon de fusiliers 110, a exigé d’être coupé ! Ce brillant officier, candidat au commandement du régiment d’infanterie 9, n’a pas été retenu et il a rompu toute relation avec l’Armée. Le fait que le colonel Marcel Bosshard, cheville ouvrière de l’ouvrage, ait accepté cette retouche ne manque pas d’étonner. La photo était publique et le commandant avait accepté d’y figurer. Cela révèle peut-être l’autorité et la capacité de persuasion d’Alphonse Widmer, par ailleurs excellent recteur de l’Ecole cantonale de Porrentruy, devenu hostile à l’Armée par déception.
Ci-dessous la photo, propriété de Francis Steulet, publiée dans Le Quotidien jurassien, le 2 février 2016.
Le Noirmont mai 1942
Cinq écoles de recrues de l'infanterie et des troupes légères font un exercice aux Franches-Montagnes. Le général Guisan reçoit les attachés militaires de l'Axe; un officier allemand et un officier français, vraisemblablement l'attaché militaire du gouvernement de Vichy.
- Lire "Le général Guisan et les Jurassiens" par le colonel Hervé de Weck
- Lire le témoignage du divisionnaire Frédéric Greub, membre d'honneur de la SJO
Bulletin de la Société cantonale jurassienne des officiers
- 37 numéros
- Paraît une fois par année en février
- CHF 15.- le numéro
- Les numéros des cinq dernières années sont disponibles